Dans notre dernier article, nous étions sur le point de quitter Tarma pour Huancayo, en étant persuadés de ne pas nous y plaire. Nous avons donc pris un bus en début d'après-midi et sommes passés par les hauts plateaux, couverts d'une végétation rase; on a pu y voir quelques vigognes gambader.

Lors de la descente vers la vallée nous traversons des zones de culture plus importantes et plus motorisées nous observons nos premiers tracteurs. Jusqu'à présent nous avions vu de petites parcelles, souvent en terrasses et entièrement cultivées à la main. Le trajet n'a pas été très long (2h30) et nous sommes vite entrés dans Huancayo, ville très étendue. Elle ressemble beaucoup aux villes que nous avons déjà visitées, faite d'un empilement de maisons ou d'immeubles de briques rouges, qui donnent l'impression qu'ils ne sont pas terminés.


Nous quittons la gare routière en direction de la gare ferroviaire de Chilca d'où nous comptons prendre un train le lundi matin. Nous choisissons un hôtel proche de la gare; il ressemble un peu à un hôtel de passes, surtout qu'il est indiqué sur la carte de visite de cet Établissement "Discrétion assurée".

La ville est moins pire que nous le pensions, il y a quelques édifices coloniaux bien conservés Et un centre commercial flambant neufs où nous traînons un peu. Le dimanche, nous nous rendons de bonne heure à la gare pour acheter nos billets pour lendemain, mais la gare est fermée. Tout est fermé d'ailleurs à cette heure sauf l'hyper du centre commercial et nous y prenons notre petit déjeuner sur un stand Chevrolet...

L'après-midi, nous faisons un courte randonnée sur le site géologique de Torre Torre avant d'être passé par le marché pour acheter notre déjeuner.

Lundi matin, levés à 5h30 pour prendre le train à destination de Huancavelica.

C'est l'un des derniers trains du service public péruvien, il a été remis sur les rails il y a seulement quelques années. Il est intéressant à prendre du fait de son parcours et du fait qu'il n'est pas réservé qu'aux touristes. On a l'impression de faire un saut dans le passé : il y a une 1ère classe-buffet et une 1ère classe. Il n'y a pas de grande différence entre les 2, hormis le confort des sièges. Il y a une vraie cuisine, les plats sont préparés dans le train.

Le parcours est vertigineux, à l'aplomb d'une rivière, les wagons sont tractés par une locomotive diesel le long d'une vallée encaissée pour monter jusque 3700m d'altitude. À chaque arrêt, des vendeuses grimpent dans le train et proposent du pain, ou des pommes de terre et fromage, ou des gelées, pleins de choses appétissantes.


Nous arrivons à Huancavelica sous la pluie et le froid. La ville a quelques vestiges coloniaux intéressants mais vu la météo, nous décidons de ne pas rester beaucoup plus longtemps et prenons un bus de nuit à minuit pour Ayacucho.

Le trajet pour Ayacucho se passe bien malgré une route bien défoncée, qui ne nous berce pas vraiment. Nous arrivons à destination vers 8h. Nous découvrons une vraie belle ville coloniale, bien conservée. Il est très agréable de s'y balader. 

Mardi matin, nous visitons le musée de la Mémoire. La région d'Ayacucho mais aussi tout le pays a été le théâtre de troubles très sanglants des années 80 aux années 2000. Les protagonistes de ces troubles étaient Le Sentier Lumineux, mouvement communiste à tendance maoïste, le MRTA, mouvement communiste à tendance guévariste, la police d'état mais aussi des groupements d'auto-défense locaux. Exécutions sommaires, rafles, tortures, disparitions, dénonciations, attentats ont été le quotidien des péruviens pendant 20 ans. La plupart d'entre eux ne demandaient rien à personne et subissaient cette situation. Le musée a été créé par les victimes ou les parents des victimes.

Cette visite a été très émouvante.

Le lendemain, nous continuons dans l'historique en visitant le mémorial de la dernière bataille opposant les indépendantistes péruviens aux forces royalistes espagnoles. Suite à cette bataille, le Pérou a obtenu son indépendance. Ce mémorial est situé tout près d'un charmant village de potiers dont la particularité est d'avoir sur les toits de ses maisons des poteries, nous avons aussi assisté à une procession.

Sur le chemin du retour, nous visitons des ruines d'un site Huari. 

Nous faisons le chemin du retour à l'arrière d'un pick-up. On teste toujours de nouveau moyen de transport.

La fin de notre séjour à Ayacucho est moins ludique... Dans la nuit de mercredi à jeudi, je suis pris de violentes diarrhées. Je passe le jeudi au lit. Le 1er traitement pris en pharmacie n'étant pas efficace, nous finissons pour aller voir un médecin (ou plutôt un obstétricien) qui me prescrit des antibiotiques. La nuit dernière, c'est au tour de Sébastien. Même symptôme, même remèdes.

Si tout rentre dans l'ordre niveau santé, nous partons pour Andahuaylas demain matin.